Avec la multiplication des orages violents et des épisodes de pluie intense, la gestion des eaux pluviales représente un défi croissant pour les collectivités. L’urbanisation galopante rend les sols imperméables, augmentant le ruissellement et saturant les réseaux d’égouttage, ce qui provoque des inondations de plus en plus fréquentes.
Dans ce contexte, le bassin d’orage s’impose comme une solution technique et environnementale de premier plan. En permettant le stockage temporaire des eaux de pluie, il agit comme un tampon essentiel pour limiter les débordements du réseau et protéger les zones urbanisées.
Qu’est-ce qu’un bassin d’orage ?
Une réponse technique aux inondations urbaines
Un bassin d’orage est un ouvrage de rétention temporaire des eaux de pluie, conçu pour absorber les surplus lors des précipitations intenses. Il agit comme une réserve capable de stocker l’eau avant de la relâcher progressivement dans le réseau pluvial, réduisant ainsi le débit de pointe.
Son rôle est fondamental dans les zones urbanisées où les surfaces imperméables empêchent l’infiltration naturelle. Sans ces ouvrages, le réseau d’égouttage est rapidement saturé, provoquant des débordements et des inondations en aval.
Attention à la confusion entre les bassins
Bien qu’ils soient parfois confondus dans le langage courant, les bassins d’orage, bassins de rétention et bassins d’infiltration ne remplissent pas les mêmes fonctions. Chacun répond à des objectifs spécifiques dans la gestion des eaux pluviales, et leur conception dépend des caractéristiques du terrain, du réseau existant et des enjeux environnementaux.
Le bassin d’orage : une réponse à la régulation des débits
Le bassin d’orage est conçu pour stocker temporairement de grandes quantités d’eaux de pluie en cas d’orage intense. Contrairement à d’autres dispositifs, sa fonction première n’est pas de faire infiltrer l’eau dans le sol, mais bien de maîtriser le débit entrant dans le réseau d’assainissement.
Le bassin d’infiltration : favoriser la recharge des nappes
Le bassin d’infiltration a pour objectif de diriger l’eau directement vers le sol, afin de recharger les nappes phréatiques et réduire le ruissellement en surface. Il est particulièrement adapté dans des sols perméables et des contextes où le risque de pollution des eaux souterraines est maîtrisé.
Ce type de bassin contribue fortement à la gestion durable des eaux pluviales, mais n’est pas adapté aux zones très urbanisées ou polluées. Il fonctionne comme un puits naturel, permettant à l’eau de retourner dans l’environnement sans passer par le réseau.
Le bassin de rétention : entre stockage temporaire et infiltration partielle
Le bassin de rétention joue un rôle hybride. Il permet de retenir l’eau de pluie temporairement, le temps que le réseau pluvial puisse absorber la charge. Selon sa conception, il peut aussi favoriser une infiltration lente ou un rejet retardé vers le milieu naturel ou le réseau d’égouttage.
Il s’agit d’un ouvrage particulièrement utile dans les zones où les risques d’inondations sont modérés mais récurrents. Le bassin de rétention est souvent utilisé dans les lotissements ou les zones d’activité, où il peut combiner stockage, infiltration, et régulation de débit.
Des fonctions parfois combinées dans un même ouvrage
Dans la pratique, de nombreux ouvrages cumulent les fonctions de bassin d’orage, bassin de rétention et bassin d’infiltration. Cette polyvalence permet d’adapter la gestion des eaux pluviales aux contraintes du site : nature du sol, topographie, réseau existant, etc.

Pourquoi les bassins d’orage sont essentiels pour l’environnement ?
Réduction du risque d’inondations en zones urbaines
Dans les villes, l’imperméabilisation croissante des sols empêche l’infiltration naturelle des eaux de pluie, ce qui augmente considérablement le ruissellement. Lors d’orages, les réseaux ne parviennent plus à absorber le surplus d’eau, provoquant des inondations rapides et destructrices.
Le bassin d’orage joue un rôle de réservoir temporaire qui absorbe ces volumes excédentaires et les régule progressivement. Il constitue ainsi une barrière efficace contre les inondations localisées, particulièrement dans les zones denses.
Protection des milieux naturels en aval
En limitant les déversements directs et brutaux dans les rivières ou ruisseaux, les bassins d’orage réduisent l’érosion des berges et la destruction des habitats aquatiques. Ils évitent aussi la transmission massive de polluants véhiculés par le ruissellement urbain.
Le contrôle du débit des eaux pluviales permet ainsi de préserver les écosystèmes aquatiques en aval, souvent fragilisés par les variations brutales de niveau d’eau ou la pollution des eaux usées non traitées.
Amélioration de la qualité des rejets dans le milieu naturel
Certains bassins d’orage intègrent des fonctions complémentaires de filtration, décantation ou dépollution, qui améliorent la qualité des eaux rejetées dans l’environnement. Cela limite la contamination des cours d’eau par les hydrocarbures, les métaux lourds ou les matières en suspension.
En agissant comme des prétraitements écologiques, ces ouvrages participent à la revalorisation des rejets pluviaux et à une gestion responsable des ressources en eau, en cohérence avec les objectifs environnementaux européens.

Comment fonctionne un bassin d’orage ?
Principe de collecte et de stockage des eaux de pluie
Lors d’un orage, les eaux ruisselant sur les surfaces artificialisées sont rapidement acheminées vers le réseau pluvial. Le bassin d’orage collecte alors ces volumes importants pour éviter leur arrivée brutale dans les canalisations existantes.
L’eau est temporairement stockée dans le bassin, puis libérée progressivement. Cela permet de lisser les débits et de prévenir les pics de charge qui provoquent des débordements ou la pollution des milieux aquatiques.
Régulation du débit dans le réseau d’égouttage
Grâce à un système de vannes, orifices calibrés ou régulateurs de débit, l’eau est restituée au réseau à un débit contrôlé, souvent bien après la fin de l’épisode pluvieux. Ce mécanisme limite la pression sur les canalisations d’égouttage.
La gestion différée des eaux permet de maintenir l’équilibre du réseau tout en optimisant le fonctionnement des stations de traitement. Elle évite également la surcharge des ouvrages d’assainissement situés en aval.
Intégration aux ouvrages d’assainissement existants
Les bassins d’orage peuvent être intégrés à des systèmes existants sans nécessiter une refonte complète de l’infrastructure. Ils complètent les ouvrages d’assainissement en réduisant leur sollicitation en cas de fortes pluies.
Certains bassins incluent également des dispositifs de décantation ou de prétraitement, qui améliorent la qualité de l’eau stockée avant son rejet dans l’environnement ou vers une station d’épuration.

Les différents types de bassins d’orage
Bassins à ciel ouvert vs bassins enterrés
Les bassins à ciel ouvert sont visibles, souvent végétalisés ou aménagés sous forme de zones humides. Ils offrent une capacité de stockage importante et participent à la valorisation paysagère.
Les bassins enterrés, quant à eux, sont invisibles et situés sous des parkings, routes ou espaces publics. Ils permettent une gestion discrète des eaux pluviales dans des zones densément urbanisées, sans impacter l’usage du sol.
Bassins secs et bassins humides : quelles différences ?
Un bassin sec ne contient de l’eau qu’après un épisode pluvieux. Il est conçu pour se vider entièrement entre deux orages et limiter le stockage permanent.
Un bassin humide, en revanche, conserve un niveau d’eau toute l’année, ce qui favorise la biodiversité locale. Il peut aussi jouer un rôle dans la régulation thermique et l’amélioration du cadre de vie urbain.
Cas des bassins multifonctionnels (espaces verts, zones récréatives, etc.)
Certains bassins d’orage sont pensés comme des espaces publics polyvalents. Ils se transforment en aires de jeux, zones de détente ou parcs urbains, tout en assurant leur fonction de rétention d’eau en cas de pluie.
Cette intégration paysagère renforce l’acceptation sociale du dispositif, en le rendant utile même hors période de pluie. C’est une approche de plus en plus privilégiée dans les projets d’urbanisme durable.

Un outil de résilience face aux pluies extrêmes
Le bassin d’orage est une solution clé pour limiter les inondations, réguler le débit des eaux pluviales et soulager le réseau d’égouttage. En s’intégrant à une stratégie globale de gestion de l’eau, il contribue à bâtir des territoires plus résilients et mieux préparés aux aléas climatiques. Mais à l’heure où les épisodes météorologiques extrêmes se multiplient, d’autres solutions complémentaires restent à explorer pour renforcer durablement la prévention des risques.

Passionnée depuis l’enfance par les caprices du ciel, Nathalie Brévarts est une curieuse insatiable des phénomènes météorologiques, avec une attention toute particulière pour les inondations, leur compréhension et leur prévention.
Autodidacte, Nathalie fait partie d’un collectif de passionnés de météo et de sciences naturelles. Elle consacre une grande partie de son temps libre à recueillir des données locales, analyser les cartes de précipitations et vulgariser les phénomènes climatiques pour le grand public.